Le jeu du tiroir : Doom

Chaque mois, Xbox Wire sort du tiroir un titre mythique pour décortiquer son histoire et révéler ses petits secrets… Pour ce premier épisode, focus sur le jeu de tir Doom, ancêtre des FPS du type Halo, Counter-Strike et autre Call of Duty. Vénéré par Bill Gates himself, il aura réussi l’exploit de faire baisser la productivité américaine au moment de sa sortie !

 

« Hey, le soldat-zombie, je t’égratigne à la tronçonneuse ? Et toi le minotaure, je t’éparpille façon puzzle au fusil à pompe ? ». Au début des années 90 débarquait sur les écrans PC un Objet Sanglant Non Identifié. Les premiers adeptes s’échangeaient presque les disquettes de jeu sous le manteau, fascinés par l’action frénétique, l’ambiance flippante et les giclées d’hémoglobine. Le pitch ? Un soldat, baptisé le Doomguy, contraint de dégommer du démon à foison dans un univers fictif composé des deux lunes de Mars, Phobos et Deimos, ainsi que de… l’enfer. Ouch. Naviguant à vue dans un dédale de corridors maléfiques, notre homme voyait surgir à chaque tournant des créatures rugissantes, pas venues ici pour discuter chiffons.

RÉVOLUTION DANS LE MONDE DU JEU VIDÉO

Si Doom n’inventa pas à proprement le concept de FPS (tir à la première personne), il imposa le genre dans le monde entier et révolutionna, au passage, l’univers du jeu vidéo. Rien que ça. Jamais on n’avait vu un rendu 3D si fluide, une immersion si poussée, des textures si travaillées, des effets de lumière si prenants… Le soft proposait par ailleurs plusieurs niveaux de hauteur avec ponts, ascenseurs ou escaliers : du jamais vu à l’époque. Il intégrait également un mode multi-joueurs en réseau et inventait le concept du fameux deathmatch, réunissant jusqu’à quatre joueurs pour un combat à mort. Le tout porté par une bande son nerveuse comme jamais, inclinant vers le heavy métal en s’inspirant de groupes tels Slayer ou Metallica.

Screenshot de Doom (1993)Capture d’écran de Doom (1993)

 

DES PETITS GÉNIES DE L’INFORMATIQUE

Quels brillants cerveaux purent donc produire une telle merveille ? Deux petits génies de l’informatique venus de Louisiane, âgés d’une vingtaine d’années : John Carmack et John Romero. En 1993, alors que Bill Clinton est investi président des États-Unis, que l’Olympique de Marseille remporte la Ligue des Champions et que Jurassic Park sort au cinéma, les deux développeurs travaillent, dans le secret, sur leur futur hit. Passés par de prestigieux studios, ils viennent de fonder leur petite société, baptisée id Software. La structure a déjà fait parler d’elle un an auparavant en sortant Wolfenstein 3D, jeu de shoot à la première personne dans lequel le gamer mitraille du nazi pour s’évader d’un château allemand. Cette production époustoufle à l’époque avec son moteur graphique révolutionnaire et son incroyable gameplay : 250 000 copies sont vendues en une année et les grands constructeurs de consoles demandent l’adaptation du soft sur leurs machines. De leur côté, les programmeurs virtuoses voient plus grand. Nom de code de leur prochain projet : Doom, qui tire son nom du film La Couleur de l’argent. Dans celui-ci, Tom Cruise, joueur de billard et arnaqueur professionnel, fait face à un interlocuteur qui lui demande ce que contient la mallette dans laquelle il range son ustensile de jeu. Il répond : « doom », terme désignant l’apocalypse, le désastre, le cataclysme…

INFLUENCES CINÉMATOGRAPHIQUES

Pour créer leur nouveau titre, les larrons d’id Software entreprennent de mixer diverses références cinématographiques, du type Alien ou Evil Dead, avec d’autres influences, tel le jeu de rôle Dungeons & Dragons, pour les monstres. Ces derniers sont pour la plupart dessinés ou peints à la main, parfois même sculptés dans de l’argile ou du latex, avant d’être filmés et numérisés. Novateur pour l’époque. Lorsqu’arrive enfin le moment du lancement officiel du titre, ses concepteurs font preuve d’un nouveau coup de génie : leur création est distribuée, dans un premier temps, sous forme de shareware (un logiciel de démo incluant le premier niveau du jeu). Cette stratégie permet de faire connaître leur création maléfique, qui se voit téléchargée 10 millions de fois à travers la planète, en une seule année. Aux États-Unis, l’engouement est tel que Doom fait carrément baisser la productivité du pays ! Résultat, une flopée de compagnies décident d’interdire à leurs employés le canardage compulsif durant les heures de bureau. Parmi celles-ci, Intel, qui a constaté, depuis quelques temps, un sévère ralentissement de ses serveurs…


Capture d’écran de Doom II: Hell on Earth (1994)

 

BILL GATES, PREMIER FAN

Doom devient rapidement le logiciel le plus installé sur Windows 95. Il se trouve même présent sur davantage de machines, dans le monde, que cette version du fameux système d’exploitation ! Face à ce constat, Microsoft décide d’utiliser Doom comme outil de promotion de son OS. Bill Gates apparaît à cette occasion dans une vidéo, au milieu des décors du jeu. John Carmack, de son côté, a veillé à ce que la modification du code soit possible par la communauté, qui fera évoluer Doom au fil des années en créant de nouveaux décors, monstres ou scénarios. Des versions totalement délirantes font encore leur apparition de nos jours, et il arrive même à Carmack de sortir de nouvelles maps.


Capture d’écran de Doom 3 (2004)

 

LE GRAND RETOUR SUR XBOX ONE X !

Surfant sur le succès du Doom originel de 1993, d’autres opus ont vu le jour par la suite : Doom II : Hell on Earth est ainsi sorti en 1994, avant diverses extensions, puis Doom 3 en 2005 et l’excellent reboot Doom, en 2016. Le 22 novembre prochain, Bethesda proposera la suite de ce dernier avec le très attendu Doom Eternal, qui promet des niveaux encore plus ouverts, de nouvelles armes et habilités, ainsi que des monstres plus évolués. Pour faire patienter les fans, l’éditeur vient de ressortir Doom, Doom 2 et Doom 3 sur Xbox One X. De quoi remonter le temps, à l’époque des disquettes, des joysticks et des consoles 16 bits… Mais gare à vous : en enfer, personne ne vous entendra crier !

Capture d’écran de Doom Eternal (2019)