La poétique du pixel : quand jeu vidéo rime avec poésie

Il est parfois bon de poser les armes, de mettre fin à toute frénésie.
De considérer que le jeu vidéo, en tant qu’art, peut rimer avec poésie.
Certains titres, par leurs partis pris, suscitent la fascination.
D’entre eux, sans plus tarder, voici une non-exhaustive sélection.

Ori and the Blind Forest (Xbox Game Pass pour Console & PC)

À tout seigneur tout honneur. Débutons par Ori and the Blind Forest, dont la suite Ori and the Will of the Wisps arrivera le 11 mars prochain. Revenons à Ori premier du nom et l’incroyable empathie pour ses personnages principaux que le joueur ou la joueuse développe en à peine quelques minutes. L’introduction du titre a fait date et on comprend pourquoi. Sans un mot, en alliant animation sans faille et direction artistique envoutante, le jeu remplit son office, et oui, ici, on peut aisément parler de poésie.

Oxenfree & Afterparty (Oxenfree dans le XGP pour PC et Console, Afterparty pour Console)

À l’inverse, on peut tout à fait être verbeux et faire preuve d’une poésie certaine dans ses propos, via l’écriture. Oxenfree et Afterparty partagent les mêmes parents, les développeurs de Night School Studio, et cela se sent quand on prend part à ces deux aventures, similaires tout en étant radicalement différentes. Et puis les thématiques abordées, que ce soit le voyage inter-dimensionnel ou… en enfer, invitent à un ailleurs, une des fonctions premières de la poésie.

Inside & Limbo

Ici encore, nous avons affaire à deux œuvres imaginées par les mêmes cerveaux, ceux de Playdead, et ici encore, cela transpire à l’écran. Qui dit poésie ne dit pas nécessairement paysages bucoliques et imaginaire onirique. Non, la poésie peut être noire, à l’image des idées qui s’en dégagent. Limbo et Inside s’inscrivent définitivement dans cette démarche et leur message n’en sort que renforcé… si tant est que ce dernier soit compris par celui ou celle qui tient la manette. L’interprétation, voilà encore une notion plus qu’importante dans l’art en général et dans la poésie en particulier.

Life is Strange 1 & 2  (Life is Strange 2 disponible dans le Xbox Game Pass pour Console)

Sauf que l’une des grandes forces de notre média préféré reste l’interactivité. Et lorsque le récit devient interactif, lorsque le destin des personnages que vous incarnez repose sur vos choix, l’implication devient tout autre. C’est probablement par cette habile manipulation que les deux volets de Life is Strange parviennent à rendre le joueur ou la joueuse comme suspendus à la vie de leurs avatars. Et ainsi, les moments de calme, toujours facultatifs, n’en sont que plus appréciables. Ce sont précisément de ces derniers dont peut s’élever la poésie. Le temps s’arrête, le rêve peut commencer.

Le studio parisien est actuellement à l’œuvre sur Tell Me Why, qui arrivera sur Xbox l’été prochain et compte bien rejoindre Life is Strange dans la rubrique des jeux narratifs à tournure poétique.

What Remains of Edith Finch (Xbox Game Pass pour Console)

Le rêve, toujours. L’imaginaire, encore. Si les phases oniriques qui se multiplient dans What Remains of Edith Finch sont si efficaces, c’est qu’elles nous surprennent, qu’elles font appel à un univers intérieur propre : celui de l’héroïne que l’on y dirige. Le fond, c’est elle, la forme, c’est celle choisie par les développeurs. Ici, c’est à travers ce prisme que ces échappées dans la psyché humaine prennent vie. S’il est encore question d’interprétation, il s’agit aussi d’une vision d’auteur qui nous est dévoilée, un tour de force rare, qui mérite qu’on le salue.

Minecraft (Xbox Game Pass pour Console)

Oui, Minecraft. Puisque l’on parle de vision d’auteur, le parti pris du titre semble implacable : et si l’auteur, c’était vous ? Difficile a priori d’établir Minecraft comme le parangon de la poésie. Sauf que le jeu donne les outils à ses joueurs pour créer. Dès lors, il suffit d’imaginer que l’on remplace les mots par des blocs et une feuille blanche par un terrain vierge, pour que l’analogie se fasse. Le joueur devient créateur, le jeu, création.

Cette liste étant terminée,
Il semble utile de le rappeler :
Il est bon d’aller au-delà des jeux choisis,
Libre à chacun de définir sa poésie !