South of Midnight : une bande-son immersive qui « vibre avec les joueurs », créée par Compulsion Games et Olivier Derivière

Le compositeur Olivier Derivière résume avec élégance l’approche musicale de South of Midnight : « Chaque note, chaque mélodie, vibre avec les pas du joueur. »

Lors d’un échange avec Xbox Wire, Olivier Deriviere et Chris Fox, Directeur audio, célébraient un moment clé pour l’équipe : South of Midnight venait tout juste d’atteindre le statut gold, signifiant que son développement était terminé et prêt pour sa sortie mondiale le 8 avril. Aujourd’hui marque un autre jalon important : la bande originale du jeu est disponible sur toutes les grandes plateformes de streaming. L’occasion idéale pour explorer la manière dont South of Midnight utilise la musique d’une façon inédite pour le genre.

Dans la plupart des jeux, la bande-son sert de toile de fond émotionnelle, soulignant l’intensité d’un combat ou l’émerveillement d’une exploration. Mais Compulsion Games a poussé cette intégration bien plus loin : ici, la musique est tissée au cœur même du gameplay. Tout au long de l’aventure, des mélodies récurrentes et des bribes de paroles flottent comme un écho narratif, donnant des indices subtils sur l’histoire en cours. Et à mesure que le joueur atteint le point culminant d’un niveau, en affrontant des créatures mythiques, la musique éclate en une véritable performance, réagissant à ses actions et racontant l’histoire des monstres à travers ses paroles.

Un défi aussi ambitieux qu’exigeant.

« C’est la plus grande production musicale que j’ai jamais réalisée », confie Olivier Derivière. « Pourtant, au départ, ce n’était pas censé être aussi ambitieux… »

Une introduction musicale
Lors des premières phases de production, Compulsion Games a mené des recherches approfondies pour capturer l’essence du Sud des États-Unis. David Sears, Directeur créatif et son équipe ont entrepris plusieurs voyages dans la région, afin d’en comprendre les paysages, l’atmosphère et les récits qui allaient inspirer le jeu. C’est au retour de l’un de ces voyages que Sears est revenu avec une idée clé.

« David est revenu du des États-Unis et nous a dit : « J’ai eu une révélation, les actions du joueur doivent être musicales. » », raconte Chris Fox, Directeur audio. « C’était notre premier grand défi et je me suis demandé ce que cela signifiait concrètement. »

La musique est un élément fondamental de l’identité du Sud des États-Unis, blues, country, jazz et bien d’autres genres y ont vu le jour. Il était donc évident que South of Midnight allait s’appuyer sur cet héritage musical. Mais le véritable défi pour Chris Fox et Olivier Derivière était de créer un jeu où la musique ne se contenterait pas d’exister, mais serait intrinsèquement liée aux actions du joueur, aux lieux explorés et à l’histoire dévoilée.

« Je me suis demandé : Comment faire en sorte que le joueur crée de la musique en jouant, sans transformer le jeu en un simple jeu musical ? » explique Chris Fox. « C’est ainsi que tout a commencé et nous avons ensuite lancé une multitude de brainstormings. »

Il est rare qu’un jeu d’action-aventure comme South of Midnight tente une approche aussi audacieuse. Et plus rare encore qu’il intègre des chansons avec paroles. Il ne s’agissait pas seulement de développer un système réactif où la musique s’adapte aux actions du joueur, mais aussi de raconter des histoires à travers ces morceaux.

« Nous avons commencé par l’histoire, bien sûr, » poursuit Chris Fox. « Nous avons d’abord étudié les légendes des créatures, ce qui a donné naissance à notre propre version de ces contes, puis à des paroles adaptées. Les paroles et la narration devaient être parfaitement synchronisées. Nous avons collaboré avec l’équipe scénaristique et nous avons veillé à ce qu’Olivier ait tout ce dont il avait besoin en termes de rythmes et de structures musicales. Je suis vraiment satisfait du résultat, créer des chansons originales pour un jeu est une entreprise risquée, car tout peut arriver. Le plus important, c’était d’avoir confiance en l’équipe. » Cette confiance a conduit Olivier Derivière à relever un autre défi inhabituel : composer une chanson conceptuelle pour définir la direction musicale du jeu, de la même manière qu’un projet de jeu débute souvent par des concept arts.

« C’était la première fois que je réfléchissais à la place des chansons traditionnelles dans un jeu vidéo », confie Olivier Derivière. « Comment intégrer une chanson de façon pertinente ? Comment l’arranger pour qu’elle s’intègre parfaitement au gameplay ? Le point de départ a été cette chanson conceptuelle… que j’ai dû chanter moi-même. Et quand je l’ai présentée à David et Chris, ils m’ont dit : « OK, avec ça, on peut se lancer dans la production. » »

L’art derrière la science
À partir de cette base, l’équipe a collaboré pour composer l’ensemble des morceaux que l’on pourra entendre dans le jeu final. Mais contre toute attente, du moins pour Olivier Derivière, l’un des aspects les plus complexes n’a pas été d’adapter la musique au gameplay, mais plutôt de maintenir une cohérence artistique et émotionnelle dans cet immense projet musical.

« La technologie dans le jeu vidéo a énormément évolué au fil des ans. Nous avons aujourd’hui la capacité d’adapter la musique à pratiquement n’importe quelle situation de jeu. » explique Olivier Derivière. « Le défi, ce n’est pas la technologie en elle-même, mais la façon dont on l’utilise avec créativité et cohérence. Un système trop complexe peut nuire à l’harmonie musicale. C’est un équilibre qui repose sur des années d’expérimentation. Nous avons beaucoup expérimenté, en affinant notre approche par tâtonnements. »

Les systèmes développés par Chris Fox et son équipe permettent à la bande-son de réagir aux actions du joueur en temps réel. Si vous prenez le temps d’explorer, la musique s’adoucit et laisse place à l’atmosphère. Si vous foncez vers un combat, elle s’intensifie pour accompagner l’action, tout en conservant ses thèmes musicaux récurrents.

« Nous avons dû déconstruire chaque morceau pour qu’il fonctionne dans les niveaux, » poursuit Olivier Derivière. « À la fin du niveau, vous affrontez une créature et la chanson atteint son apogée. Mais avant cela, dans le même niveau, la musique se construit progressivement sous différentes formes, avec des harmonies et des mélodies alternatives. Parfois, certaines sont volontairement corrompues, reflétant la détérioration du monde du jeu, nous voulions que les joueurs le ressentent. »

L’objectif était de faire de la musique un élément du paysage sonore, de la même manière qu’un jeu ajuste ses bruitages en fonction des environnements traversés, marcher sur de l’eau ne produit pas le même son que marcher dans de la boue. « C’est pour cette raison que je voulais travailler avec Olivier », s’enthousiasme Chris Fox. « Il ne voit pas la musique comme un simple fond sonore. Il tisse la musique et les effets sonores ensemble, créant une expérience audio immersive où tout est interconnecté. »

Et South of Midnight pousse cette approche encore plus loin : ici, la musique est littéralement un personnage à part entière. « À la fin d’un niveau, une grande chanteuse interprète la chanson dans son intégralité. Mais tout au long du niveau, la mélodie est chantée par un chœur d’enfants, » explique Olivier Derivière. « Ces enfants sont en réalité les véritables stars du jeu, ils sont omniprésents et jouent un rôle crucial dans l’histoire. Ils incarnent les Strands, ces entités mystiques qui guident Hazel à travers ce monde magique. »

Le charme du Sud des États-Unis
Pour Chris Fox et Olivier Derivière, un dernier défi restait à relever : revenir aux recherches initiales et s’assurer que la musique évoque authentiquement le Sud des États-Unis, dans toute sa diversité régionale, tout en formant une bande-son homogène et cohérente.

« Au départ, en discutant avec Chris et David, l’idée était avant tout de créer quelque chose d’inspiré par le Sud des États-Unis, mais qui soit aussi unique au jeu, » explique Olivier Derivière.

Très vite, il a compris que pour y parvenir, il ne devait pas se limiter à son propre regard, mais s’entourer d’artistes locaux : « Je me suis dit : « On va peut-être devoir faire appel à des musiciens pour enregistrer en live. » Puis, très vite, ça s’est transformé en quelque chose d’immensément plus grand. Au final, plus de 50 personnes ont participé au projet, sans même compter l’orchestre ! »

L’ampleur de cette production musicale a dépassé toutes les attentes. « C’est un processus qui a évolué avec le temps, » ajoute Chris Fox. « Au départ, on pensait à une heure de musique, quelque chose de relativement modeste. Mais en avançant, on s’est rendu compte que ce n’était pas suffisant. »

Heureusement, Compulsion Games et Xbox ont soutenu cette vision à chaque étape :

« J’ai beaucoup apprécié la confiance qu’ils nous ont accordée. Quand j’ai dit : « On a une idée géniale, mais on a besoin de musiciens en live » ils ont dit oui. Puis plus tard : « Finalement, on va aussi avoir besoin d’un orchestre » et ils ont suivi ! Ce n’était pas forcément prévu dans le budget initial, mais ils ont vu que ce que nous faisions avec Olivier était solide et ils nous ont laissé aller au bout de notre vision. »

Mais même avec tous ces moyens, Olivier Derivière devait encore relever un défi de taille : trouver l’équilibre parfait entre authenticité et création originale.

« Nous avons travaillé avec plusieurs musiciens renommés du Sud des États-Unis, mais il n’était pas question de les imiter. Ce n’aurait pas été authentique et je ne viens pas de cette région, vous voyez ? Le but n’était pas de copier, mais de s’inspirer pour créer quelque chose de nouveau. Bien sûr, il y a des influences du country, du bluegrass, du blues et du jazz, mais le plus beau retour que j’ai eu, c’est quand les musiciens eux-mêmes m’ont dit :

« Je ne jouerais jamais cette mélodie comme ça, mais c’est super intéressant ! » »

Olivier Derivière pensait que ce mélange des genres et des styles pourrait dérouter les artistes locaux. Mais ce fut tout le contraire :

« Ils ont adoré. Ils ont complètement adhéré à la démarche. Pour moi, c’est là que réside le vrai succès de cette production : avoir collaboré avec ces artistes, capté l’essence authentique du Sud des États-Unis et l’avoir transposée dans l’univers musical unique de Compulsion Games. » Le résultat est une bande-son qui rend hommage à cette région des États-Unis sans jamais se contenter de le reproduire. Un travail collaboratif où la musique est vivante, portée par des musiciens de talent qui ont insufflé leur âme dans chaque note.

« Quand vous écouterez la bande-son, j’espère que vous ressentirez cette présence humaine, » conclut Deriviere. « Que ces artistes sont là, qu’ils veulent vous émouvoir, vous raconter une histoire et vous transporter dans ce monde. »

Finalement, si South of Midnight vibre avec les pas du joueur, ce n’est pas seulement grâce au jeu lui-même, mais grâce aux nombreux artistes qui ont contribué à donner une voix à cet univers fascinant.

South of Midnight sera disponible le 8 avril 2025 sur Xbox Series X|S, l’application Xbox sur PC Windows, Steam et le cloud, et sera jouable dès sa sortie avec Game Pass. Si vous souhaitez plonger en avant-première dans l’univers macabre et fantastique du jeu, optez pour la Premium Edition afin de jouer jusqu’à 5 jours plus tôt et de profiter de contenus numériques exclusifs.La bande originale de South of Midnight est disponible dès aujourd’hui sur toutes les grandes plateformes de streaming. Vous pouvez également précommander The Art and Music of South of Midnight, un coffret exclusif conçu en collaboration avec le studio de design néerlandais Cook and Becker. Ce coffret inclut un double vinyle regroupant l’intégralité de la bande-son dans un somptueux étui gatefold, ainsi qu’un artbook de 160 pages, une bande dessinée inspirée du jeu et bien d’autres surprises.